Rappel de la Constitution du 4 octobre 1958 en vigueur.
Extraits :
1/ Le Président de la République
Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. (Extrait Article 5)
Le Président de la République nomme le Premier ministre. (Extrait Article 8)
Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. (Extrait Article 12)
2/ Le gouvernement
Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. (Extrait Article 20)
3/ Le Parlement
Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. (Extrait Article 24)
Il ressort de la Constitution que
1/ La loi est voté par le Parlement
2/ La politique de la Nation est conduite par le Gouvernement. C’est le Parlement qui autorise la ligne politique du Gouvernement par le vote des textes de loi (ou la censure du Gouvernement)
3/ Le Président de la République choisit un Premier Ministre, logiquement, en tenant compte de la représentation politique issue des législatives. En effet le Premier Ministre doit accorder son action politique aux programmes des partis politiques qui constitueront les votes majoritaires.
Il ressort de cette logique que
1/ Ce sont les parlementaires, issus des élections législatives qui, en dehors des référendums, valident une ligne politique. Un parlementaire est élu en fonction du programme qu’il a soutenu. Ce programme est généralement élaboré au sein d’un parti politique.
2/ Le candidat à l’élection présidentielle (même présenté par un parti) ne doit pas proposer un programme politique, puisque par définition constitutionnelle, il n’est pas en charge de gouverner la France.
Par contre, il convient évidemment qu’au cours de la campagne présidentielle, il se présente, donne ses convictions, ses idées afin que les électeurs puisse choisir en toute connaissance de cause (ou en tout cas la meilleure connaissance possible) un candidat qui leur apparaîtra comme responsable et fiable dans le cadre de son rôle constitutionnel.
En conclusion
L’application de la Constitution rend in fine les parlementaires et leurs groupes politiques responsables de la ligne politique. Ce sont eux qu’il convient d’élire en fonction du programme qu’ils sont prêts à soutenir par leur vote au Parlement.
Un candidat à la Présidentielle qui « présente » un programme de gouvernement dénote une vision tronquée de la Constitution. Il peut bien évidemment se référer aux idées et programme de son parti (s’il en est membre) pour exprimer ses convictions devant les électeurs, mais sans indiquer qu’il les mettra en œuvre. Son seul rôle sera de choisir, en rapport avec les législatives, un Premier Ministre qui, lui, essaiera d’appliquer un programme dans la ligne de la majorité parlementaire.
Evidemment pour les médias, qui font fi de toutes ces considérations, l’important est que les élections restent un show. Il est plus spectaculaire de faire affronter sur scène, des hommes à qui on prête la puissance de tous les possibles (via une liste de propositions qu’ils ne seront pas, en tant que Président, en charge de mettre en œuvre), que sur des idées issues de la réflexion des partis.
Les élections présidentielles, plus médiatiques que les législatives, correspondent à la seule échelle de valeur imposée par les médias : émotion plutôt que raison. Valeur sans rapport avec leur réelle importance puisque c’est le résultat des législatives qui conduira la ligne politique et non celui des présidentielles.
Concernant les candidats eux-mêmes, en principe, ils connaissent la Constitution. Aussi, pourquoi accepter le jeu des médias ?
La logique de gouvernance est :
- avoir des idées pour le bien du pays, le noyau naturel de l’émergence de ces propositions étant le parti politique
- convaincre un maximum d’électeurs au bien fondée de ses idées, dans le cadre de débats appaisés
- accepter le résultat des élections et donc du départage des idées par le peuple
- pour le gouvernement issu de ces élections, mettre en œuvre un programme compatible avec la représentation parlementaire
- pour les oppositions, continuer de convaincre pour gagner les élections suivantes